J’ai l’impression qu’en 2020 les ados tendent vers plus d’uniformité qu’à mes glorieuses heures d’adolescence. Je ne vois chez les garçons que des baskets, des baskets et encore des baskets. Des joggings, des joggings et encore des joggings (des “joggos”) et du noir, du noir et toujours du noir. Un peu de blanc et waouh du bleu (marine) de temps en temps.
Chez les filles, la panoplie varie un peu plus, mais là aussi les baskets et les sweats font régner la loi dans les vestiaires. Pourquoi autant d’uniformité ? Par qui les ados sont-ils influencés ? Quels sont les leviers marketing qui les poussent à trouver ça (presque) normal de mettre 200 euros dans une paire de baskets ?
La musique est vitale pour les ados. Pour exulter, rêver, pleurer, transgresser et surtout se démarquer de leurs parents. Quand ma génération passait facilement du rock au reggae, les ados de 2020 semblent être centrés de façon quasi exclusive sur le rap. Il suffit de regarder quelques clips de Nekfeu, PLN, Moha La Squale chez les français ou encore ceux de Nas et Cardi B chez les américains pour faire le lien entre le Rap et les fringues de nos ados. Le rap est devenu grand public et s’est imposé dans tous les milieux comme LA musique de référence. Le Rap c’est la Pop d’aujourd’hui. C’est à travers ses paroles crues et son ton souvent violent que les ados peuvent exprimer leurs frustrations, leur colère et scander leur différence. Alors merci le Rap tu es notre allié à nous parents et tant pis si tu parles de drogue, que tu es parfois sexiste et vulgaire, grâce à toi l’agressivité adolescente est certainement atténuée au quotidien.
A part le Rap d’où vient cette uniformisation des looks centrés sur des basiques streetwear identiques dans tous les milieux et les pays ? Uniformisation rime avec standardisation. Standardisation rime avec mondialisation. Mondialisation avec consommation. Pull & Bear, Bershka, Champion, Citadium ça vous parle ? Les marques se répandent partout, leur pouvoir d’influence transnationale est telle qu’un ado français de 15 ans aura le même look qu’un ado américain ou celui d’un islandais. Au même titre qu’un appartement loué sur Air b&b adoptera les mêmes codes déco à Dublin ou à Madrid. On le sait, on ne s’en étonne même plus.
Je me souviens de moi au même âge. J’écoutais un peu de tout. The Cure, The Police, Dépêche Mode, Madness et Joy Division mais aussi Kim Wild, Blondie, Earth Wind and Fire ou Sezane Vega. Côté fringues, j’ai le souvenir que ça bougeait pas mal et que nous n’étions pas tous pareils. Nous n’avions pas internet, il y avait plein de marques différentes. Le marketing digital n’existait pas, les influences étaient multiples.
1980 = Rock, Punk, Pop, Disco, Groove, Métal
1990 = Rock, Punk, Techno
2000 = Funk, Hip-Hop, Electro
2020 = RAP, RAP et RAP
Ce n’est pas une critique de nos ados, ils vivent avec les codes de leur époque comme nous avons vécu avec ceux des années 80/90. Mais sans doute vont-ils devoir les réinventer ces codes avec le bouleversement qui est en train de secouer leur planète.
Merci à Alexandre, Ana, Hippo, Olivia, Maxence, Maxime, Roman, Sasha et Sixiu. Un big up à tous nos ados qui, au moment où je publie ce billet, sont en train de vivre une situation dont ils se souviendront toute leur vie. Etre confinés avec leurs parents pour cause de pandémie mondiale : vous êtes des WARRIOR.